L'envers du décor : Alix de Beer, photographe de mode

14 Sep 2016

Du contrôle de gestion à la photographie de mode, il n’y a parfois qu’un pas. Nous rencontrons aujourd’hui Alix de Beer, une jeune photographe de talent qui revient sur son parcours hors des sentiers battus, dans les coulisses des blogs de mode et de la Fashion Week.

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La blogueuse Noholita

J’ai toujours aimé la photo : mon grand-père m’a donné son argentique pour mes 16 ans et, pour mes 25 ans, mes amis et ma famille m’ont offert un bel appareil photo numérique. Ça a été un vrai déclic et j’ai commencé à consacrer plus de temps à ce qui n’était encore qu’un hobby. De mes vacances à mes copains en soirée, tout y passait. Je crois que certains en avaient un peu marre, mais moi j’adorais ça ! Mais tout ça restait un passe-temps puisque j’avais suivi le parcours classique de la bonne élève : prépa, école de commerce sans trop savoir pourquoi et une carrière dans la finance d’entreprise. Soyons honnête, je trouvais ça valorisant d’être une femme dans le monde ultra-masculin du contrôle de gestion… mais je me posais de plus en plus de questions. Et j’ai fini par sauter le pas et par démissionner pour lancer mon blog sur la vie parisienne, les restos, les expos…

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Bella Hadid, Fashion Week de New York

J’avais lu dans un magazine qu’il fallait que j’aille prendre des photos à la sortie des défilés pendant la Fashion Week : j’ai motivé un copain à m’accompagner, mais il n’a pas tenu longtemps, c’était hyper intense ! Et là, coup de bol : je rencontre une Australienne qui m’a un peu prise sous son aile. Elle était là pour son blog et pour couvrir la Fashion Week pour un magazine, et je ne l’ai pas quittée de la semaine. Je débarquais complètement dans un univers inconnu, avec mon appareil pas assez pro, et je ne connaissais personne, mais elle m’a expliqué qui prendre en photo et pourquoi… et ça m’a donné envie de continuer.

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Défilé Paul & Joe

C’est comme ça que j’ai découvert le monde des blogueuses de mode et des influenceuses, en commençant par Kenza. Je me suis acheté un appareil pro, j’ai enchaîné les séances de street-style à la sortie des Fashion Weeks – c’était loin d’être facile parce c’est un univers super-macho – et puis j’ai fini par la contacter pour lui proposer un shoot. Ça s’est hyper bien passé, même si j’étais très stressée, et puis tout est allé très vite : toutes les blogueuses que j’ai contactées après ça ont accepté qu’on collabore. Et à force de voir mon nom sur les comptes Instagram de ces influenceuses, les marques ont commencé à me contacter…

Je travaille énormément avec les influenceuses/blogueuses, d’ailleurs je crois que c’est ma réputation : photographe d’influenceuses ! Moi ça me va très bien, je commence à les connaître et certaines sont devenues des amies. Elles ont le sens de la mode et puis, on ne va pas se mentir, c’est un créneau qui marche et qui a de l’avenir.
Je constate en plus que la frontière entre les marques et les blogueuses est de plus en plus fine. Il y a évidemment toutes les collaborations, mais ça va plus loin. De plus en plus de it-girls créent leurs marques, comme Jeanne Damas avec Les filles en Rouje. Je pense qu’elles ont un peu fait le tour du blogging ou du mannequinat, et qu’elles veulent asseoir leur légitimité dans le monde de la mode. La blogueuse Noholita a déjà travaillé sur plusieurs collections de chaussures et s’apprête à lancer une ligne de maillots de bain en partenariat avec des marques. Elsa Muse, qui a un univers très créatif, est souvent contactée pour des créations exclusives dans le cadre de créations capsules…

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Elsa Muse

Mais je travaille aussi directement avec les marques. Un exemple ? L’hiver dernier, Sarenza m’a demandé de shooter des blogueuses européennes (toujours elles !) ; j’ai suivi avec environ 6 ou 7 groupes, de 3 à 4 personnes, et j’ai pu rencontrer plein de monde. D’ailleurs Sarenza avait repéré mes photos sur les comptes Instagram des influenceuses avec qui je travaille régulièrement. Je collabore aussi régulièrement avec le Coq Sportif aussi, c’est vraiment sympa : ils m’appellent dès qu’ils sponsorisent un nouveau sportif et j’ai eu la chance de rencontrer Richard Gasquet et Yannick Agnel.

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Richard Gasquet, le coq sportif

Bref, je ne m’ennuie pas. Le monde de la mode évolue très vite et j’y ai trouvé ma place. Mon quotidien ? Ça change tout le temps. En gros, je fais 30 % de prise de vues, 40 % de retouches, sélection, e-mails, Instagram… et 30 % de rendez-vous, d’événements RP. Mais bon, je n’ai pas de journée ou de semaine type : là, par exemple, je fais 3 journées de shoot d’affilée, mais la semaine dernière j’ai surtout travaillé à la maison ou sur mes shoots perso. Ce que j’essaie de faire, c’est garder du temps pour mes idées (quand je ne suis pas bookée par une marque) : ça me permet de rencontrer des influenceurs qui me plaisent et d’être vraiment libre de mes choix. J’ai quelques clients réguliers, mais c’est vrai qu’en général ce sont des nouveaux clients et projets, et j’adore ça parce que ça m’évite de tomber dans la routine.
Le week-end dernier par exemple, la marque Lipault m’a envoyée en Grèce pour shooter des blogueuses… Donc non, ma vie d’avant ne me manque pas du tout !

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